La Guyane à 2

Non, nous ne sommes pas morts.

Nous sommes bien vivants, quelque peu amochés, certes, mais vivants.

Le corps et l'esprit de 2014 ne sont les mêmes que ceux de 2010, l'année où tout à commencé.

Le corps est marqué (j'ai perdu un bras lors du parcours, au sens figuré bien sûr). Et l'esprit ... l'esprit s'est bien enrichi par les épreuves qu'il a du traverser.

Le dernier article de ce blog date de 2011.

Lorsque je me relis, je vois que j'avais écrit : "Il faut être patient et arranger à notre manière si on compte y passer 1 année scolaire"

Une année scolaire ??

A l'époque nous ne le savions pas, mais ce fut le triple.

3 ans en commune isolée, mais je vous rassure, pas dans la même "maison" (et encore heureux).

De 2011 à 2013 nous avons donc habité une charmante petite maison bien plus saine que la précédente où nous avons passé de bons moments. Elle se trouve au centre du village ... mais qu'est ce que ce fut bruyant !

Pour résumer ces 3 années passées dans la jungle ... impossible en quelques mots, il y a eu trop de hauts et de bas pour cela.

Si je regrette ? Absolument pas. J'ai beaucoup appris, j'ai beaucoup grandi, je me suis forgée, j'ai beaucoup souffert (physiquement et moralement), d'ailleurs mon corps restera marqué à vie car mon bras droit ne fonctionnera plus jamais à 100% de ses capacités.

Bref c'était le risque et c'est pour se souvenir aussi de ce qu'on a traversé.

Une grande fierté, oui. De l'avoir fait, d'avoir tenu jusqu'au bout, d'avoir acquis cette expérience si unique que très peu de gens auront la chance de vivre.

Nous avons rencontré des gens très attachants, des gens plus révoltants, des âmes tourmentées, des personnes fracassées, détruites, rayées de la carte, des fantômes. Quand j'y pense, là bas il n'y a que ce type de personne, des "fantômes" qui errent sans vraiment connaître leur but et qui s'enlisent encore plus dans leur déchéance pour se perdre totalement au bout du compte. Mais les personnes qui ont été de passage, elles, elles survivront, comme nous l'avons fait. 

Des gens honnêtes ? On a pu les compter sur les doigts de la main, mais il y en a eu et je leur serai reconnaissante toute ma vie, je pense bien souvent à eux.

Je repense à cet article ou je me suis quelque peu "enflammée". Voyez-vous, le relire me file la nausée. Je n'ai plus du tout le même état d'esprit qu'il y a 3 ans. Et j'ai envie de dire "heureusement". J'ai failli détruire ce blog mais un ami m'en a dissuadé, me disant que c'était ça l'évolution d'une personne et qu'il ne fallait surtout pas en avoir honte.

Avec le recule, je le dis : ce ne fut pas un Paradis, ce ne fut pas un Enfer. Ce fut un Monde Parallèle.
Comme si ce qu'il se passait là-bas restait là-bas. Parfois il se passait des choses tellement incroyables qu'on se demandait même si tout cela était réel.
Durant ces trois ans, on est entrés dans une sorte de trou noir où tout ce qu'on était a été reformaté, et on en est sortis modifiés.

Si je le referai ? Pour rien au monde non, on a fait notre temps. C'est au tour des autres maintenant.

Maintenant nous avons une vie "pèpère" toujours en Guyane, même si le travail est difficile, la vie quotidienne est plutôt sympathique mais ce n'est pas encore notre but.

Peut-être que dans quelques années, un essai sera publié et les détails seront narrés.

En tout cas ce sera le dernier article de ce blog car maintenant il n'y a plus rien d'extraordinaire.

Bonne route à vous, et n'oubliez pas : "L'expérience est le commencement de la sagesse." (Sardes)

Ouf, ce fut un parcours du combattant, mais nous y sommes.

Pour résumer ces "vacances", je pourrais employer 3 mots :

- cartons

- magasins

- fatigue

On n'a eu le temps de profiter que de quelques ventrées au restaurant, sinon on sautait de magasin en magasin toute la journée, on réglait nos ultimes soucis administratifs (Sécu, rectorat ...) et on était à l'affut du moindre carton pouvant contenir 30kg qui pointerait le bout de son nez.

Je nous revois encore, à la Sofrigu (magasin de vente en gros), déverser des 20aines de boîtes à œufs à terre car le carton était alléchant, ou encore piler en voiture car un immense, un magnifique, un somptueux carton avait été posé là, sur le bas côté, sûrement pour nous, et être ramené à la réalité par le son insistant des klaxons derrière nous.

Saviez-vous que sur le littoral il existe des voleurs de caddie ?? Deux fois ça nous est arrivé ! Heureusement, le caddie était quasi vide, le peu d'articles qu'il y avait à l'intérieur ayant été balancé sur le côté ... SANS COMMENTAIRE.

L'étape de La Poste a été plutôt sympathique également car on a du ré ouvrir un colis qui dépassait les 30kg et l'agent ne s'est pas gêné pour se foutre ouvertement de nous, lui qui vit dans sa société d'abondance ... 

Décidément on n'est pas près d'y retourner, toujours déçus par ces ambiances factices.

A part ça nous revoilà, courbaturés de partout, encore plus fatigués qu'avant les vacances, mais heureux d'être de retour dans notre petit cocon entouré de cocotiers.

Bientôt, quelques photos de nos escapades ;)